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Ce que tu appelles grand, est encore très petit

Ce que tu appelles grand

Depuis plus de 4 mois, je vais travailler en Spyder. Je voulais essayer cette mécanique pensant retrouver les mêmes sensations que la moto, et bien non. C’est vraiment différent. Avec ses trois roues, le Spyder ne permet pas beaucoup le déséquilibre.

Du coup, j’ai plus de confort pour méditer. Le matin, comme le soir, je mets le régulateur de vitesse et j’utilise mes 60 minutes de route quotidienne pour me concentrer et méditer à ma convenance.

Cela tombe bien aujourd’hui car j’ai quelques petits irritants au travail. La vie professionnelle est rarement lisse et sans défaut, je le sais. Pourtant, en situation de crise, aussi légère soit-elle, on perd le recul nécessaire et précieux pour bien naviguer parmi les hommes.

Cela fait 5 minutes que je roule. Une question vient interrompre alors mes pensées : est-ce que la Bible est vraie ?

En fait, le raisonnement qui me frappe est le suivant : si la Bible est vraie alors Dieu existe. Si Dieu existe alors il y a quelqu’un de surpuissant qui contrôle tout. Cette personne pourrait aussi répondre à toutes mes questions.

Je continue de m’interroger. Comment est-ce possible ? On répète souvent qu’il suffit de croire… Et si je le défiais. Qu’est-ce qui m’empêcherait aujourd’hui, maintenant, de vérifier si ce que je crois est vrai ?

Une autre idée s’oppose : comment oses-tu mettre en doute tant d’années de vie commune et d’expériences personnelles ? Comme je le disais, en situation de crise, on peut perdre en objectivité; les croyances qu’on pense bien ancrées peuvent vaciller.

Je me plais cependant à poursuivre mes réflexions. Je sais au fond de moi que les difficultés professionnelles par lesquelles je passe sont petites, on en a vu d’autres. Mais quand même. Je souhaiterais bien un petit face-à-face. Peut-être la nature du guerrier ? Peut-être le besoin d’aller plus loin ?

Je ne sais pas. La machine est lancée : je veux du grand, de l’extraordinaire, du miraculeux. Si tu t’appelles Dieu, tu me le prouveras.



…est encore très petit

Je suis épuisé. Je ressens le genre de fatigue que l’on vit après avoir passé 4 heures à développer un sujet de philosophie et, qu’à la fin, on constate qu’on a à peine effleuré le problème.

Je me sens petit; comme si je venais de courir un 100 mètres contre un Usain Bolt. J’y ai mis tout mon cœur, toutes mes forces. La réalité me frappe.

Je me souviens très bien, il y a trois semaines, sur le Spyder, lorsque j’ai initié le défi. Je voulais qu’il me prouve qu’il était Dieu. Il me l’avait déjà montré pourtant, à maintes reprises. Un sourire me vient, un soupir aussi.

Il y a trois semaines, je lui avais demandé que la journée qui commençait soit la meilleure de toute ma vie professionnelle. Le jour même, mes irritants avaient disparus entièrement. Je ne pouvais pas l’expliquer. Pourtant il s’agissait bien d’irritants humains et non techniques. Le genre d’irritants où la complexité émotionnelle vient rendre la résolution de problèmes très compliquée.

Le lendemain matin, voulant poursuivre le défi, je lui avais demandé, encore une fois, que la journée qui commençait soit la meilleure de toute ma vie professionnelle. Sans délai, ma vision intellectuelle s’était éclaircie, ma perspicacité aussi. Durant la journée, résoudre les problèmes était devenu, je dirais, presque facile.

Non satisfait et peut-être enivré par le succès, j’avais renouvelé l’expérience le jour d’après : « Si tu es Dieu, tu n’as donc pas de limite. Hier était le plus beau jour de ma vie professionnelle en effet…jusqu’à aujourd’hui. Montre-moi ta puissance maintenant. »

C’était reparti, ce troisième jour, je voyais quasiment d’avance les problématiques à résoudre. J’avais conservé mes capacités de résolution de problèmes et, en plus, je les anticipais. C’était incompréhensible. En trois jours, je surpassais de loin mon quotidien et une paix profonde me comblait de joie.

Pourquoi, s’arrêter en si bon chemin ? Je savais qu’il n’y avait aucune raison profonde de poursuivre le défi. J’avais eu mes réponses. Et pourtant. Peut-être était-ce une forme de gourmandise ? Pendant trois semaines, j’ai continué, tous les matins, à exiger le miraculeux, le prodigieux, l’exceptionnel. Tous les jours, sans exception, mes demandes avaient été exaucées.

Commençant à comprendre ma folie, je continuais malgré tout. Aussi, ce qui allait venir allait me terrasser définitivement.

Cette semaine, je reçois un appel professionnel d’un ancien partenaire : « Lucien, nous avons besoin de toi. Que souhaites-tu comme conditions de travail ? Nous te proposons entre autres de tripler ton salaire ».

Cela suffit, je n’en peux plus. Je suis abattu.

« Je reconnais que tu es Dieu. Je ne peux pas saisir ta portée. Je comprends que ce que j’appelle miraculeux ou exceptionnel est complètement à ta portée. Ce que j’appelle grand est encore très petit pour toi. Pardonne-moi. »


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